Fiche technique

COMMENT REMPOTER MES SEMIS ?

Tout commence par...

Les graines

Les graines, ces choses formidables à côté desquelles nos clés USB font bien rire. Dans ses tissus, la graine protège le patrimoine génétique nécessaire pour recréer complètement un nouvel individu. Il s’agit d’un organisme unique, issu d’un brassage génétique entre deux individus (contrairement aux boutures). Protégées sous sa coque, les données attendent que l’environnement soit propice à leur développement pour s’exprimer. Certaines graines gardent leur pouvoir de germination pendant des décennies (voire des siècles !), d’autres quelques mois seulement. Il est dur de donner des généralités sur les graines tant le monde végétal regorge de diversité et de créativité ! Toutefois, des grandes lignes sont communes à une majorité d’espèces.

La plupart des graines protègent deux morceaux de tissus principaux : les cotylédons. Ce sont les réserves nutritives de la graine. C’est eux qui permettront le développement de la graine jusqu’à ce qu’elle soit capable de créer sa propre énergie en réalisant la photosynthèse. Ils assurent l’apparition et développement des premières racines, le développement de la tige, le développement des premières « fausses feuilles ».  Dans la classification des graines, on distingue deux grandes catégories. Celles qui possèdent deux cotylédons : les dicotylédones, tels que les haricots, les tomates, les courges, … c’est la majorité des plantes.  Et celles qui ne possèdent qu’un seul cotylédon : les monocotylédones, tels que le bambou, les céréales, les graminées en général.

Noyau d'avocat

Vous avez sans doute déjà séparé les cotylédons de graines, pensez aux noix de cajou, aux cacahuètes, aux pistaches, … Le schéma ci-dessus présente deux graines d’avocat, l’une en coupe de face, l’autre après germination, de profil.

Noyau d'avocat

Vous avez sans doute déjà séparé les cotylédons de graines, pensez aux noix de cajou, aux cacahuètes, aux pistaches, … Le schéma ci-dessus présente deux graines d’avocat, l’une en coupe de face, l’autre après germination, de profil.

Ces cotylédons sont entourés d’une première protection : le tégument. C’est une peau qui enveloppe les cotylédons. C’est cette couche qui fait le lien entre les cotylédons et le « monde extérieur ». Certaines graines sont dotées d’une protection supplémentaire, tels des coques (comme les noisettes par exemple).

Ces généralités permettent une première approche afin de comprendre grossièrement le mécanisme de développement des graines. En réalité, sa composition, son fonctionnement, ses comportements sont bien plus complexes et fascinants !

2ème étape...

SEMER

« Semer » consiste à disposer des graines sur un substrat convenant à leur germination. Il faut bien se rendre compte que la plupart des graines se sèment et germent naturellement, sans intervention de l’Homme. Nos procédés de « semis » visent néanmoins à synchroniser leur germination et à augmenter significativement le taux de réussite, pour nous en simplifier la culture.

La diversité étant une des règles de bases du monde végétal, la germination n’y échappe pas. Pour réveiller leurs cotylédons et lever la « dormance », chaque variété de graines a ses conditions. Certaines préfèreront une température élevée, d’autres ont besoin de froid, certaines ont besoin que leur tégument brûle (Pyrophytes), d’autres doivent passer par le tube digestif d’oiseaux (les figuiers étrangleurs par exemple). Mais elles ont en commun l’obligation d’accès à un élément essentiel de leur développement : l’eau. Même si plus tard, la plante adulte est une championne de la résistance à la sécheresse, ses premiers jours à l’état de plantule nécessitent un environnement relativement humide, propice au développement des premiers tissus, très sensibles à la déshydratation. Toutefois, chaque plante possède son seuil de tolérance à cette humidité ambiante. Trop d’eau peut aussi bénéficier au développement d’autres organismes, tels des champignons. Ces derniers pourraient en profiter pour se délecter de jeunes pousses végétales gorgées de sucre. Il est donc indispensable de se renseigner sur les exigences de chaque type de graine. Un indice souvent suffisant est de s’imaginer la graine dans son milieu naturel : fait-il chaud ?
Humide ? Gèle-t-il en hiver ? …

Parfois, la graine est entourée d’une enveloppe de chair (fruit, drupe, …) qui lui a éventuellement servi à se déplacer (rouler, flotter, se faire manger, …), elle peut aussi lui servir d’engrais en flétrissant. Parfois, la graine s’envole, se fait éjecter ou tombe tout simplement sans autre forme de procès. Elle se retrouve donc bien souvent à la surface du sol, et doit se dépêcher de germer pour ne pas sécher ou se faire grignoter. C’est pour la protéger de la dessiccation que nous enterrons les graines. La profondeur est variable évidemment. En général, je suis la même règle que lorsque je plante des bulbes: profondeur de plantation = deux fois la hauteur de la graine. Ce n’est pas une règle absolue, mais elle fonctionne pour la plupart des graines de nos jardins.

Le substrat peut être de la terre, si elle est bien équilibrée et n’est pas trop riche en argile. Méfiez-vous des terreaux trop riches en tourbe. La tourbe se dessèche très vite et a du mal à se ré-humidifier. D’autant plus que la tourbe n’est pas une ressource renouvelable, l’extraction de tourbe provoque des désastres écologiques (en Europe de l’Est notamment, d’où vient la plupart de la tourbe utilisée dans les terreaux premiers-prix).
L’idéal, c’est de la terre du jardin, mélangée si nécessaire avec de la terre de taupinière, du compost bien mûr, et le tout tamisé. Et étrangement… c’est gratuit !

Les racines adultes des plantes sont généralement vigoureuses. Elles sont parfois capables de fendre la roche. Ce n’est pas le cas des frêles radicules de nos semis. Les déposer dans un substrat tamisé n’est pas indispensable, mais peut être un coup de pouce leur économisant de l’énergie, au profit de leur croissance.
 
Pour éviter le développement de moucherons du terreau (qui affectionnent particulièrement pondre dans le terreau humide), il est possible de recouvrir la surface de votre substrat de quelques millimètres de gravillons très fins (diamètre 1 à 2mm). Si vous rencontrez le problème dans vos plantes d’intérieur : cessez tout simplement d’arroser quelques semaines. Ce n’est pas recommandé pour les semis.

En achetant du terreau contenant de la tourbe, vous sponsorisez la destruction d'écosystèmes riches, complexes et luttant activement contre notre dérèglement climatique : les tourbières. C'est un des nombreux points forts du compostage local. Crédits photo : Pole-routbieres.org. Je vous recommande d'ailleurs leur article : http://www.pole-tourbieres.org/a-la-decouverte-des-tourbieres/article/quelles-sont-les-causes-de
Plus d'information à la fin de cette page.

Les petites astuces pour

Prendre soin de ses semis

À compter du moment où la cuticule décide que l’environnement est propice à la germination, une course contre la montre commence : la ruée vers les sucres. La photosynthèse est une des sources principale d’énergie de la plante. Or, au début de sa croissance, la graine doit dépenser beaucoup d’énergie, dans un environnement peu connu, avec une réserve d’énergie limitée (les cotylédons). Elle peut y puiser des nutriments, de l’eau, et un peu de sucre. Plus on l’aide, plus la totalité de l’énergie contenue dans ces tissus profite à la croissance de la plante. Pour cette raison, l’hygrométrie, la richesse du substrat et la quantité de lumière doit correspondre au plus près de ses exigences.

Par ailleurs, si les racines absorbent l’eau, elles ont aussi besoin d’absorber de l’air. De fait, il est souhaitable d’alterner les périodes où le substrat est humide (donc elles peuvent « boire ») et celles où le substrat est plus sec (où elles peuvent « respirer ». Et à l’éternelle question « Mais quand faut-il arroser », la réponse reste la même : Tous les « quand-c’est-sec ». Si pour les plantes en pot, je recommande de plonger un doigt dans le substrat pour vérifier qu’il est sec, pour les semis il faut être un peu plus délicat. Observez finement l’aspect du substrat qui évolue avec la sécheresse. Si nécessaire, faites un godet témoin sans semis pour les premières semaines. Cette technique ne fonctionne plus dès lors que les premières plantules sont sorties, car elles consomment de l’eau.

Si vous entreposez vos semis à l’intérieur de la maison, mettez-les dans la pièce la plus lumineuse, au bord de la fenêtre. L’idéal étant une serre, puis une véranda, puis une grande fenêtre plein sud. On estime que pour une plante à l’intérieur, chaque mètre qui l’éloigne de la fenêtre la plus proche correspond à environ 10% de lumière en moins. Et quand on est une plantule programmée pour pousser à l’extérieur, c’est d’autant plus énorme ! Évitez les situations trop chaudes et les courants d’air.

Comment ça marche ?

Le développement de la plantule

On sème, on arrose…on patiente et bien souvent on imagine qu’il ne se passe rien, on doute de la réussite de nos semis. Impatients que nous sommes ! En bas, c’est le branlebas de combat !  La graine commence généralement par développer sa radicule, la première racine, afin de s’ancrer et se protéger d’un potentiel déracinement. Ensuite seulement, on peut assister à la sortie de terre des premières « feuilles ». Bien souvent, vous remarquerez que ces dernières n’ont pas du tout la forme des futures « vraies feuilles ». Il peut s’agir, selon les espèces, soit de « fausses feuilles » soit des cotylédons qui se transforment en feuille. Lorsque la plante sera un peu plus âgée, au bout de quelques semaines, elle se débarrassera de ces premiers prototypes et concentrera son énergie dans ses feuilles  «définitives».

Germination et graines

Pour le haricot, les cotylédons se transforment partiellement en feuille, ils effectuent un peu de photosynthèse avant de sécher puis tomber. Les plantules sont très sensibles à la lumière. Veillez à tourner régulièrement les pots si vous ne voulez pas qu’ils s’inclinent d’un côté. La croissance verticale se rétablira lorsqu’ils auront suffisamment de lumière directe : dehors.

Germinations et graines

Pour le haricot, les cotylédons se transforment partiellement en feuille, ils effectuent un peu de photosynthèse avant de sécher puis tomber. Les plantules sont très sensibles à la lumière. Veillez à tourner régulièrement les pots si vous ne voulez pas qu’ils s’inclinent d’un côté. La croissance verticale se rétablira lorsqu’ils auront suffisamment de lumière directe : dehors.
Mais au fait Elie...

Quand rempoter ?

Pour des raisons pratiques d’économie de place, d’arrosage et de substrat, on sème souvent les graines dans des caisses (ou des plaques) de semis. Lorsque les semis sont suffisamment grands, et trop denses : il est temps de les rempoter !
Et ça aussi, ça dépend des plantes. En général, on attend l’apparition des premières « vraies » feuilles.
Pensez aussi à choisir un moment où le substrat n’est pas trop mouillé, afin de limiter les risques d’abîmer les racines et le sol.

Dans la caisse en polystyrène, mes semis de tomates (au premier plan) ont besoin d’être rempotés, alors que les aubergines (troisième « case » en partant du fond) ne le seront qu’un mois plus tard.

Dans la cagette doublée de toile cirée, mes semis de basilic quémandent de l’espace pour se développer.

Et du coup...

Comment rempoter ?

Si les plantules sont trop petites, utilisez un couteau arrondi ou une fourchette pour transplanter ces fragiles êtres vivants. S’ils sont un peu plus gros, couvrez la terre du pot avec votre main, en passant les plantules entre vos doigts. Tournez le pot la tête en bas. Si la motte ne se démoule pas, pressez doucement les quatre côtés du pot deux par deux, voire agitez très délicatement.  Vous pouvez à présent détacher les plantes une à une en prenant soin de garder le maximum de terre autour de chaque plante. Il ne faut pas casser les radicelles du végétal, de manière à économiser son énergie. Disposez la motte au milieu d’un pot plus grand et entourez de substrat. Sans excès, tassez bien la terre pour chasser l’air. Puis arrosez, afin que l’air restant soit remplacé par de l’eau. On cherche ainsi à éviter la déshydratation des jeunes racines. Cette technique est la même pour toutes plantations (plantules, vivaces, arbres, …).

Pensez à étiqueter vos semis !! Sur une étiquette résistante aux arrosages successifs, notez le genre de la plante, la variété et la date du semis ! Ces informations vous seront essentielles pour la suite ! Je fabrique mes étiquettes dans des bouteilles en plastique découpées, ou de vieux transparents pour rétroprojecteurs sur lesquels j’écris au « feutre à peinture ». Grâce aux informations contenues sur les étiquettes, je peux à la fois connaître la variété de mes plantes au moment de la plantation, mais aussi comparer l’évolution de chaque variété d’année en année, en tenant un carnet d’observations.

  • Une fois rempoté, je dispose tous mes godets dans une caisse étanche (cagette + toile cirée ou Caisse en polystyrène sans trou, le cas échant Caisse+ sac poubelle). Je recouvre le fond de drainage grossier (graviers, billes d’argile…) qui permettront de maintenir une hygrométrie relative sans toutefois que le substrat ne reste trop humide. Sur le schéma, les flèches ondulées au bas du pot représentent les échanges d’eau. L’excédent d’eau est drainé, et ne peut pas remonter par capillarité grâce à la taille du drainage, toutefois l’eau s’évapore progressivement, limitant le dessèchement du sol.
  • Séparation puis rempotage d’un pied de tomate. Petite particularité pour le rempotage de la tomate : il est possible de l’enterrer jusqu’à ces deux premières « fausses feuilles ». La partie de la tige sous terre se couvrira de racines, rendant la plante plus stable et plus résistante à la sécheresse.
  • Séparation puis rempotage d’un semis de Haricot (Haricot Kilomètre). Initialement, j’en avais mis cinq par godet, car ce sont de grandes plantes aux jeunes racines particulièrement fragiles. N’oubliez pas de mettre de nouvelles étiquettes dans les nouveaux pots !
  • Mes graines de basilic étaient un peu vieilles, j’ai semé dense car je ne pensais pas qu’elles germeraient aussi bien (à gauche) ! Certaines se sont séparées facilement et ont pu être rempotées avec de l’espace (à droite), pour d’autres j’ai rempoté des petits paquets (comme dans la fourchette), j’éclaircirai mes jeunes plants plus tard (= en couper certains pour laisser la place aux autres).
Au final...

Quand planter ?

Il y a deux critères pour savoir quand rempoter. Un premier indicateur non obligatoire : lorsque les racines sortent du pot, elles indiquent un besoin de substrat plus vaste.
Donc soit on rempote, soit on plante !

Puis il y a les fameux « Saints de Glace ». Il y a des chances qu’avec le dérèglement climatique ce vieux dicton de jardinier subisse des modifications dans le futur, mais jusqu’à présent, le fond de cette croyance populaire reste d’actualité. Les Saints de glace (St-Mamert, St-Pancrace, St-Servais) respectivement fêtés les 11,12 et 13 mai sont les dates générales jusqu’auxquelles, si les conditions sont favorables, il peut encore geler. En altitude et en plaine, il peut geler bien après cette date.

Les concombres ‘Lemon’ ont déjà envie de sortir de ce pot désormais trop étroit. Pourtant, ils devront encore patienter un peu car le risque de gelées printanières est toujours présent. C’est la première année que j’en sème. Maintenant que je sais qu’ils germent vite, l’an prochain je les mettrai en terre un peu plus tard.

Pour conclure

À la plantation

Maintenant que vous avez trouvé un emplacement idéal pour votre jeune plant, qu’ils sont répartis dans le jardin (pourquoi pas en groupe), plantez-les de la même manière
que vu précédemment pour la transplantation des plantules.

Certaines plantes nécessitent d’être protégées des oiseaux à leurs débuts, d’autres d’être tuteurées. Les oiseaux sont friands des jeunes bourgeons tendres et doux.

Paillez, étiquetez, n’oubliez pas d’arroser, et c’est parti pour une saison !

Citation à méditer

« Si on ne sème pas le bonheur, comment voulez-vous qu’il pousse ?»

Article écrit par Elie LOMBARD, avril 2020. Merci à Marie-Line pour la relecture, à Olivier pour la participation et la mise en page et à Matthieu pour la post-production.

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