Lundi 5 octobre 2020, il est 8h. Le ciel est gris et le vent souffle sur les hauteurs du Parc Victor Bash, au sud de la commune de Saint-Fons. Les élèves de la classe CM1-CM2, accompagnés de l’institutrice Laetitia Caillot, affluent vers le célèbre rhinocéros qui domine le paysage. En bas, les usines de la Vallée de la Chimie bruissent, fument, ajoutant des nuages aux nuages. Cette odeur de vanille si caractéristique et bien connue des habitants vient nous effleurer les narines. A l’ouest des plateformes industrielles, le Rhône, l’un des cinq fleuves français, poursuit sa course millénaire, du nord vers le sud. La vallée résonne du bruit des machines, auxquels se mêlent ceux du rail et de l’autoroute. Face à la vue, les jeunes sont invités à dessiner le paysage, de leurs pieds jusqu’à l’horizon, afin de prendre toute la mesure de l’espace. Derrière les collines urbanisées d’Irigny et de Brignais, se dessinent les contreforts du Massif Central.
« Cette approche par le dessin est essentielle », explique Violette Tournilhac, paysagiste intervenant pour l’Association Racines Communes, « elle permet aux jeunes d’aiguiser leur regard. Au fond, dans ce cas, ce n’est pas tant le résultat plastique qui compte, la beauté du dessin... C’est une manière de comprendre les lieux qui nous entoure. Le passage de l’œil à la main en permet l’appropriation. » Une fois les dessins effectués, la lecture de paysage commence. A l’aide de panneaux plastifiés, la paysagiste raconte comment le Rhône a sculpté la vallée, façonnant les paysages depuis des temps très anciens jusqu’à aujourd’hui. L’histoire de la vallée du Rhône remonte jusqu’à plus de 60 millions d’années en arrière ! La géologie tient une place importante dans les explications : surrection des Alpes, sédimentation, travail des glaciers,… Les élèves sont fascinés ! Jamais ils n’ont pensé les lieux qu’ils habitent de cette façon.
Une fois l’histoire géographique de la ville de Saint-Fons narrée, les élèves rentrent à l’école à pied, et c’est au tour de la classe de CM2 de Gaël Dal Pio Luogo de profiter de la vue et des explications ! Le lendemain, en classe, c’est au tour des élèves d’en raconter l’histoire. Par petits groupes, ils réalisent des supports qui en permettront le récit : dates, titres, dessins explicatifs, vues pré-historiques, etc. Une dernière séance, le mercredi, sera consacrée à la prise de vue photographique des supports ainsi qu’à l’enregistrement sonore de l’histoire géographique de la commune de Saint-Fons. Dans quel but ? Le confinement ayant empêché une restitution publique, il est dorénavant question de réaliser un petit film ! Désormais, les enfants sont détenteurs d’un savoir qu’ils peuvent transmettre aux adultes : parents, élus... S’en souviendront-ils une fois grands ?
Les instituteurs témoignent : « Les élèves et nous-même avons grandement apprécié ces trois interventions d’une heure ! Nous aurions voulu avoir plus de temps pour aller plus loin avec les élèves, notamment sur des sujets complexes que le mouvement des plaques tectoniques... Le travail en extérieur a été bien vécu par les enfants, le temps était suffisant. Le contenu et les supports étaient plutôt adaptés aux attentes du programme de CM1-CM2. ». Une expérience positive à réitérer !
